Oïdium
L’oïdium (Erysiphe necator) est un champignon parasite obligatoire de la vigne, qui ne peut croître qu’en présence de son hôte. Il n’appartient pas à la même famille que l’oïdium du rosier ou du chêne, par exemple.
Quels dégâts sur ma vigne ?
Il peut entraîner des dégâts qualitatifs et quantitatifs au vignoble.
La gravité des attaques d’oïdium sur baies est très dépendante de l’intensité et de la précocité des infections survenant à partir de la floraison.
Le dessèchement des baies dû à l’oïdium entraîne une perte de récolte.
L’oïdium réduit la photosynthèse des cépages sensibles et modifie la teneur en sucre, en protéines, en tanins et en polyphénols des baies. Les vins issus de vendanges oïdiées sont plus acides et moins colorés. Plusieurs composés volatiles fongiques, produits par E. necator, confèrent aux moûts des odeurs de champignon ou de poisson. Cependant, ces molécules tendent à disparaître après la vinification. La perception de ces odeurs est très variable selon le taux d’oïdium et le panel de dégustateurs.
Quels sont les symptômes ?
L’oïdium peut affecter tous les organes herbacés de la vigne.
- Pousses : pour les cépages à drapeaux (voir biologie), le mycélium envahit les jeunes pousses qui voient leur croissance ralentir. Il provoque un raccourcissement des entre-nœuds et une crispation des feuilles, avec un aspect fripé. La jeune pousse se couvre d’un feutrage blanc.
- Feuillage : les premiers symptômes de l’oïdium sont discrets et difficiles à observer. Ce sont des taches huileuses sur feuilles (assez similaires à celles du mildiou), avec des plages brunâtres sur la face inférieure.
- Feuilles et grappes se recouvrent par la suite d’un feutrage blanc grisâtre, d’aspect poussiéreux, sur la face supérieure et inférieure des feuilles. Ce feutrage s’accompagne d’une odeur caractéristique de moisissure. Les baies fortement infectées éclatent et sèchent. Cet éclatement se traduit par l’apparition caractéristique des pépins et crée une porte béante pour le botrytis.
- Rameaux : les rameaux sont couverts de plages brunes à noir, qui deviennent rouges après aoutement, en forme d’étoile (couleur lie de vin).
Certains cépages présentant des résistances partielles à l’oïdium, peuvent exprimer des symptômes au facies différent.
Éléments de biologie
L’oïdium se conserve en hiver sous deux formes :
- sexuée : des cléistothèces (petites sphères oranges à noires de 0,2 mm) formées en été ou en automne à la surface des organes malades et se conservent l’hiver sur les écorces. Au printemps, les spores issues de ces cléistothèces sont projetées sur la végétation. Ce mode de conservation concerne tous les cépages.
- asexuée (forme mycélienne) se trouve dans les bourgeons et se développe en même temps que la pousse pour donner naissance aux « drapeaux ». Ce mode de conservation concerne essentiellement le Carignan mais aussi le Cabernet-Sauvignon, le Chardonnay et la Marsanne. Sur ces cépages, il existe donc deux formes distinctes de conservation.
L’optimum pour le développement de l’oïdium se situe entre 22°C et 28°C, avec une humidité relative de 70%. La présence d’eau libre gène la germination et fait éclater les conidies. C’est un champignon très sensible aux rayons UVB. Le vent favorise la dissémination des conidies.
Contrairement au mildiou, les contaminations par l’oïdium peuvent être visibles plus tard par rapport au moment de la contamination (2 à 3 semaines)
Après la véraison, la vigne n’est plus sensible à l’oïdium.
Comment protéger ma vigne ?
La stratégie dépend de la sensibilité et de l’historique de la parcelle, ainsi que du stade phénologique. Se référer aux bulletins d’avertissement pour adapter sa protection (Bulletin Info Viti Oeno 13).
Le premier traitement est conditionné par la sensibilité de chaque parcelle (cépage, historique, parcelle, environnement) et par le stade phénologique. Dans le cas général, la protection démarre au stade 10/12 feuilles étalées. Les traitements précoces (dès le stade C-D) sont à réserver aux parcelles très sensibles « à drapeaux ». Par la suite, les traitements sont à positionner en fonction :
- du stade phénologique
- de l’observation des symptômes
- du type de produit utilisé lors du dernier traitement (rémanence, lessivage, pousse végétative…)
- la pression de la maladie.
La période de protection s’étendant de la pré-floraison (10-12 feuilles étalées) à la fermeture de la grappe est incontournable. Les attaques peuvent progresser directement sur grappes ; parfois sans attaque préalable facilement détectable sur feuilles. Le risque de contamination des grappes est maximum à partir de la nouaison et diminue très fortement après le stade grain de pois.
Passée la véraison, et durant la période maturation, les grappes ne sont plus sensibles à de nouvelles contaminations.
Attention : il existe des souches d’oïdium résistantes à certains fongicides appartenant à diverses familles chimiques. Il est donc conseillé d’alterner les fongicides possédant des modes d’action différents et de limiter le nombre d’interventions par famille. Pour cela, consulter la note nationale publiée chaque année : http://www.ecophytopic.fr/tr/surveillance/outils-de-surveillance/les-notes-nationales
Prophylaxie
- Entretenir les abords de la parcelle pour favoriser la circulation de l’air dans la parcelle
- Maîtriser la vigueur : porte greffe adapté à la vigueur du sol, clone avec des grappes lâches, enherbement des inter – rangs, apports d’azote raisonnés
- Eviter les densités de plantation trop importantes
- Favoriser l’aération des grappes par une taille qui limite leur entassement, par un ébourgeonnage fructifère, par un écimage et un palissage raisonné. Cela permettra également une meilleure pénétration et donc une meilleure efficacité des produits de traitement
- Diminuer l’inoculum pour l’année suivante : un traitement à base de cuivre (bouillie bordelaise) fait à la véraison baisse le nombre de cléistothèces, forme de conservation hivernale principale du champignon.
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Ana Chavarri